dimanche 11 février 2018

SpaceX : discriminés, les journalistes étrangers doivent être escortés aussi aux WC / Lettre ouverte à Elon Musk

Le décollage de Falcon Heavy le mardi 6 février 2018 à 21h45 (suisse) – 3:45 PM Est – vu de Centre de presse du KSC.
- Photo : rke
[Cape Canaveral, Florida, February 11, 2018, rke – English below] – Cher Elon Musk. Tout d’abord bravo pour votre exploit avec Falcon Heavy (FH) et merci de nous avoir offert la possibilité de photographier le décollage sur le site "PAD 39A" grâce à nos appareils à distance (Remote Camera). Sans oublier l’autre opportunité que vous nous ayez offert de voir le lancement depuis le site de presse (proche du VAB, bâtiment d’assemblage des véhicules) ou de NASA Causeway (route la plus proche de la fusée).
Un jour avant le lancement, j'ai eu la chance d'être
le seul Suisse sur le Pas de tir 39B. Et aussi pour assister
au décollage.
Les autres journalistes sont-ils alors découragés de venir ?

One day before and during the launch, I was fortunate
 to be the only Swiss reporter on the PAD 39B.
Are other journalists then discouraged to come ?


C’est désormais une tradition. Depuis 2006, la NASA est dans l’obligation de séparer les journalistes étrangers des autres américains. Nous sommes donc, nous étrangers, obligés d’être escortés par un véhicule dédié du Centre spatial Kennedy (KSC) depuis l’un des deux offices des badges jusqu’au site de presse (News Center) qui jouxte le VAB. Nos autres collègues américains peuvent s’y rendre en voiture avec leur seul badge usuel. Pour nous reconnaître, nous étrangers, nous avons une marque supplémentaire, donc un autre badge. Bref, on s’est dès lors accoutumé à cette procédure classique au pays de l’Oncle Sam.
Mais cette fois-ci, pour être accrédités pour le lancement de FH, nous avons dû procéder auparavant à une demande directement chez SpaceX sans passer par le service de presse de la NASA. OK, tout s’est bien déroulé. La prise en charge de l’escorte à l’un des offices des badges a ainsi, cette fois, été opérée par vos services privés, ce qui, pour nous, n’a pas changé grand-chose, du fait que nous étions toujours séparés des journalistes américains.
Cependant, arrivé sur place, sur le site de presse, tout a changé. À la sortie du bus, nous avons de suite été à nouveau séparés de nos collègues US en deux lignes bien distinctes. Ensuite, vos gardes nous ont obligés à poser nos sacs et matériels à terre avec ordre de ne plus y toucher, non pas pour en vérifier le contenu, mais pour nous donner l’occasion d’aller aux toilettes en groupe, et ce, avec des surveillants, contrôlant nos entrées et sorties à la porte des W.C.

La NASA ne nous a jamais traités de cette façon
D’habitude, une fois sur le site, nous avions toute liberté de circuler à l’intérieur et à l’extérieur du centre, pour voir le décollage ou participer à la conférence dans le bâtiment d’en face. Mais cette fois-ci, pas question de bouger sans qu’on soit contrôlé, épié et suivi. Pour assister au lancement à l’extérieur, nous avons dû demander l’autorisation de nous positionner à un endroit limité. En cas de besoin d’aller aux toilettes, nous devions aussi être escortés, de même que pour retourner dans le centre. Nous autres avons besoin d’une certaine liberté de mouvement, sans quoi nous nous sentons cadrés, oppressés, réprimés, ce qui peut influencer la qualité de notre travail. 
En 37 ans que je couvre les lancements de fusées (cliquez ici), la NASA ne nous a jamais traités de cette façon. Et je suis sûr que cette autre discrimination à l’extrême provient de SpaceX et non pas de l’administration américaine. Elon Musk, vous qui êtes d’origine sud-africaine, vous êtes un type formidable avec ce que vous entreprenez. Vous auriez davantage d’aura médiatique et populaire si vous nous accordiez, à nous journalistes étrangers, la même confiance que vos compatriotes américains… 

Discriminated, foreign journalists must also be escorted to WC – Open letter to Elon Musk
Pour assister à la conférence d'Elon Musk, nous
avons dû téléphoner à SpaceX alors que le
bâtiment est juste en face. Les chanceux
(avec les étrangers ?) ont donc eu tout loisir de
voir le patron de SpaceX en chair et en os.

To attend the Elon Musk's conference, we had to
phone at SpaceX while the building is right in front.
- Photo : rke





[Cape Canaveral, Florida, February 11, 2018, rke  - Dear Elon Musk. First of all congratulations for your great feat of Falcon Heavy (FH) and thank you for giving us the opportunity to photograph the liftoff on the PAD 39A site through our « Remote Camera.» And about the other opportunity offered to see the launch from the press site (near the VAB) or NASA Causeway.

It's now a tradition. Since 2006, NASA has been required to separate foreign journalists from other Americans. We, foreigners, forced to be escorted by a dedicated Kennedy Space Center (KSC) vehicle from one of the two badges offices to the News Center which adjoins the VAB. Our other American colleagues can get there by their car with their only badge. To recognize us, we strangers, have an extra mark, so another badge. In short, we have since become accustomed to this procedure, which has become classic in the country of Uncle Sam.
But this time, to be accredited for the FH's launch, we had to make a request directly to SpaceX without going through the press service of NASA. OK, everything went well. The support of the escort at one of the two badges offices was thus, now, operated by your private services, which, for us, did not change much, because we were always separated from American journalists.

NASA Has Never Us Badly Considered Like That
However, arrived on the press site, everything changed. On leaving the bus, we were again separated from our US colleagues in two distinct lines. Then your guards forced us to put our bags and materials on the ground with orders not to touch them, not to check the contents, but to give us the opportunity to go to the toilet in the group, and this, with supervisors, controlling our inputs and outputs at the door of the WC.
Usually, once on the site, we had full freedom to move inside and outside the center, to see the take-off or participate in the conference in the building opposite. But this time, no question of moving without being controlled, watched and followed. To attend the launch outside, we had to ask permission to position (photos) ourselves in a limited place. In case of need to go to the toilet, we also had to be escorted, as well as to return to the center. We journalists need a certain freedom of movement, otherwise we feel framed, oppressed, repressed, which can influence the quality of our work.
In 37 years of covering rocket launches (click here), NASA has never us badly considered like that. And I'm sure this discrimination comes from SpaceX and not from the US administration. Elon Musk, you are of South African descent, you are a great guy with what you do. You would have greater media and popular auras still if you grant us, foreign journalists, the same trust (and thrust, too) as your American compatriots ...


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